Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/651

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verrez si vous ferez faire aucun ah ! Voyons un peu une scène d’amant et d’amante. Là-dessus une comédienne et un comédien auraient fait une scène ensemble, qui est celle de Camille et de Curiace,
                    Iras-tu, ma chère âme, et ce funeste honneur
                    Te plaît-il aux dépens de tout notre bonheur ?
                    — Hélas ! Je vois trop bien…, etc.
Tout de même que l’autre, et le plus naturellement qu’ils auraient pu. Et le poète aussitôt : Vous vous moquez, vous ne faites rien qui vaille, et voici comme il faut réciter cela.
(Imitant Mlle Beauchâteau, comédienne de l’Hôtel de Bourgogne.)
                    Iras-tu, ma chère âme…, etc.
                    Non, je te connais mieux…, etc.
Voyez-vous comme cela est naturel et passionné ? Admirez ce visage riant qu’elle conserve dans les plus grandes afflictions. Enfin, voilà l’idée ; et il aurait parcouru de même tous les acteurs et toutes les actrices.

Mademoiselle de Brie

Je trouve cette idée assez plaisante, et j’en ai reconnu là dès le premier vers. Continuez, je vous prie.

Molière, imitant Beauchâteau, aussi comédien, dans les stances du Cid.

                    Percé jusques au fond du cœur…, etc.
Et celui-ci, le reconnaîtrez-vous bien dans Pompée de Sertorius ?
(Imitant Hauteroche, aussi comédien.)
                    L’inimitié qui règne entre les deux partis,
                    N’y rend pas de l’honneur…, etc.

Mademoiselle de Brie

Je le reconnais un peu, je pense.

Molière