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DE
LA LITTÉRATURE MUSULMANE
DE L’INDE.

Il fut donné à l’islamisme de renverser ou au moins d’humilier tout ce qui avait vieilli dans l’ancien monde, des rives du Danube aux monts Himalayas ; d’émouvoir, d’exciter jusqu’à l’exaltation, en les ralliant à un seul cri, les races auxquelles il manquait un symbole, et cela au milieu du désert africain comme dans les steppes de l’Asie centrale ; de s’établir partout où s’étaient développées les civilisations primitives ; de galvaniser les peuplades mortes, comme aussi de mettre l’enthousiasme et le fanatisme au cœur de hordes insouciantes et presque sans culte ; de les saisir dans leur mouvement de migration vers l’ouest et de les transformer en nations ; enfin de faire briller sur les ruines d’un passé mystérieux et solennel l’éclat d’une splendeur extraordinaire qui désormais s’éteint de toutes parts. Durant neuf siècles, de puissans empires se formèrent çà et là dans les vastes contrées que dominait le croissant ; puis, en se déplaçant, en s’absorbant les unes les autres, en transportant sur divers points alternativement le siége d’un pouvoir qui grandissait de jour en jour, les dynasties musulmanes de l’Arabie, de l’Égypte, de la Perse, de la Turquie, de l’Hindostan, accomplirent dans tout l’Orient