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Conversation.

aimée & chérie de tout le monde, autant que la petite d’Orville était déteſtée. Celle-ci, jalouſe de la préférence qu’on donnait à Pauline, n’avait pas l’eſprit de voir qu’il ne tenait qu’à elle de ſe faire aimer de même, en corrigeant ſes défauts & ſon humeur ; mais elle aimait mieux s’en prendre aux autres de ſes torts, que de ſe rendre juſtice. Son pere & ſa mere lui diſaient ſans ceſſe : Ma fille, vous ſerez toute votre vie malheureuſe. D’autres parens moins bons que nous vous auraient déja abandonnée. Il ne tient qu’à vous de jouir du ſort de votre couſine. Voyez comme elle eſt heureuſe ! C’eſt qu’elle eſt ſage & docile, Mademoiſelle d’Orville écoutait à peine ce qu’on lui diſait, & retournait à l’étude ou au jeu ſans être corrigée. Elle paſſa ainſi quatre ou cinq ans toujours dans les pleurs, dans l’hu-