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Cette fable montre que les grandes haines ne se prêtent guère à des réconciliations.

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LE LABOUREUR ET LE SERPENT GELÉ


Un laboureur trouva dans la saison d’hiver un serpent raidi par le froid. Il en eut pitié, le ramassa et le mit dans son sein. Réchauffé, le serpent reprit son naturel, frappa et tua son bienfaiteur, qui, se sentant mourir, s’écria : « Je l’ai bien mérité, ayant eu pitié d’un méchant. »

Cette fable montre que la perversité ne change pas, quelque bonté qu’on lui témoigne.

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LE LABOUREUR ET SES ENFANTS


Un laboureur, sur le point de terminer sa vie, voulut que ses enfants acquissent de l’expérience en agriculture. Il les fit venir et leur dit : « Mes enfants, je vais quitter ce monde ; mais vous, cherchez ce que j’ai caché dans ma vigne, et vous trouverez tout. » Les enfants s’imaginant qu’il y avait enfoui un trésor en quelque coin, bêchèrent profondément tout le sol de la vigne après la mort du père. De trésor, ils n’en trouvèrent point ; mais la vigne bien remuée donna son fruit au centuple.

Cette fable montre que le travail est pour les hommes un trésor.

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LE LABOUREUR ET LA FORTUNE


Un laboureur, en bêchant, tomba sur un magot d’or. Aussi chaque jour il couronnait la Terre, persuadé que c’était à elle qu’il devait cette faveur. Mais la Fortune lui