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LE MILAN ET LE SERPENT


Un milan ayant enlevé un serpent s’envola dans les airs. Le serpent se retourna et le mordit ; tous les deux furent alors précipités du haut des airs, et le milan périt. « Pourquoi, lui dit le serpent, as-tu été si fou que de faire du mal à qui ne t’en faisait pas : tu es justement puni de m’avoir enlevé. »

Un homme qui se livre à sa convoitise et fait du mal à de plus faibles que lui peut tomber sur un plus fort : il expiera alors, contre son attente, tous les maux qu’il a faits auparavant.

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LE MILAN QUI HENNIT


Le milan eut jadis une autre voix, qui était perçante. Mais un jour il entendit un cheval qui hennissait admirablement, et il voulut l’imiter. Mais il eut beau répéter ses essais : il ne réussit pas à prendre exactement la voix du cheval et il perdit en outre sa propre voix. De cette manière il n’eut ni la voix du cheval ni sa voix de jadis.

Les gens vulgaires et jaloux envient les qualités contraires à leur nature et perdent celles qui y sont conformes.

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L’OISELEUR ET L’ASPIC


Un oiseleur, prenant avec lui de la glu et ses gluaux, partit pour la chasse. Ayant aperçu une grive sur un arbre élevé, il se mit en tête de l’attraper. En conséquence, ayant ajusté ses bâtonnets les uns au bout des autres, il regardait fixement, tournant vers les airs toute son attention. Tandis qu’il levait ainsi la tête en l’air, il ne s’aperçut pas qu’il