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LES LIÈVRES ET LES RENARDS

Les lièvres un jour, étant en guerre avec les aigles, appelèrent à leur secours les renards. Ceux-ci répondirent : « Nous serions venus à votre aide, si nous ne savions qui vous êtes, et qui vous combattez. »

Cette fable montre que ceux qui se mettent en lutte avec de plus puissants font fi de leur salut.


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LES LIÈVRES ET LES GRENOUILLES

Les lièvres s’étant un jour assemblés se désolaient entre eux d’avoir une vie si précaire et pleine de crainte : n’étaient-ils pas en effet la proie des hommes, des chiens, des aigles et de bien d’autres animaux ? Il valait donc mieux périr une bonne fois que de vivre dans la terreur. Cette résolution prise, ils s’élancent en même temps vers l’étang, pour s’y jeter et s’y noyer. Mais les grenouilles, accroupies autour de l’étang, n’eurent pas plus tôt perçu le bruit de leur course qu’elles sautèrent dans l’eau. Alors un des lièvres, qui paraissait être plus fin que les autres, dit : « Arrêtez, camarades ; ne vous faites pas de mal ; car, vous venez de le voir, il y a des animaux plus peureux encore que nous. »

Cette fable montre que les malheureux se consolent en voyant des gens plus malheureux qu’eux.


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LE LIÈVRE ET LE RENARD

Le lièvre dit au renard : « Fais-tu réellement beaucoup de profits, et peux-tu dire pourquoi on t’appelle le « profiteur[1] ? »

  1. La fable repose sur le double sens de κερδώ : profiteur et rusé.