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— Si tu en doutes, répondit le renard, viens chez moi, je t’offre à dîner, » Le lièvre le suivit. Or à l’intérieur le renard n’avait rien à dîner que le lièvre. Le lièvre lui dit : « J’apprends pour mon malheur, mais enfin j’apprends d’où te vient ton nom : ce n’est pas de tes gains, mais de tes ruses. »

Il arrive souvent de grands malheurs aux curieux qui s’abandonnent à leur maladroite indiscrétion.


193
LA MOUETTE ET LE MILAN

Une mouette ayant avalé un poisson, son gosier éclata et elle resta étendue morte sur le rivage. Un milan, l’ayant aperçue, dit : « Tu n’as que ce que tu mérites, puisque, née oiseau, tu cherchais ta vie sur la mer. »

Ainsi les gens qui abandonnent leur propre métier pour en prendre un qui n’est pas le leur sont justement malheureux.


194
LA LIONNE ET LE RENARD

Un renard reprochait à une lionne de ne jamais mettre au monde qu’un seul petit. « Un seul, dit-elle, mais un lion. »

Il ne faut pas mesurer le mérite sur la quantité, mais avoir égard à la vertu.


195
LA ROYAUTÉ DU LION

Un lion devint roi, qui n’était ni colère, ni cruel, ni violent, mais doux et juste, comme un homme. Il se fit sous son règne une assemblée générale des animaux, en vue de recevoir et de se donner mutuellement satisfaction, le loup au mouton, la panthère au chamois, le tigre au cerf, le chien