Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/250

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mais ne pouvant en faire sa nourriture, il la laissa et s’en alla. Il rencontra un cheval et l’amena dans le champ ; il avait, disait-il, trouvé de l’orge ; mais, au lieu de la manger lui-même, il la lui avait gardée, vu qu’il avait du plaisir à entendre le bruit de ses dents. Le cheval lui répondit : « Hé ! l’ami, si les loups pouvaient user de l’orge comme nourriture, tu n’aurais jamais préféré tes oreilles à ton ventre. »

Cette fable montre que ceux qui sont naturellement méchants, même quand ils se targuent d’être bons, n’obtiennent aucune créance.



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LE LOUP ET LE CHIEN


Un loup voyant un très gros chien attaché par un collier lui demanda : « Qui t’a lié et nourri de la sorte ? — Un chasseur, » répondit le chien. « Ah ! Dieu garde de cela le loup qui m’est cher ! Autant la faim qu’un collier pesant. »

Cette fable montre que dans le malheur on n’a même pas les plaisirs du ventre.



227


LE LOUP ET LE LION


Un jour un loup, ayant enlevé un mouton dans un troupeau, l’emportait dans son repaire. Mais un lion, se trouvant sur son chemin, le lui ravit. Le loup se tenant à distance lui cria : « Tu es injuste de me prendre mon bien. » Le lion se mit à rire et dit : « Toi, en effet, tu l’as reçu justement d’un ami ! »

Pillards et brigands insatiables qui, en butte à quelque revers, se chamaillent entre eux, peuvent se reconnaître dans cette fable.



228


LE LOUP ET L’ÂNE


Un loup, étant devenu chef des autres loups, établit des