Cette fable montre qu’il vaut mieux mener une existence simple et paisible que de nager dans les délices en souffrant de la peur.
Un rat de terre, pour son malheur, se lia d’amitié avec une grenouille. Or la grenouille, qui avait de mauvais desseins, attacha la patte du rat à sa propre patte. Et tout d’abord ils allèrent sur la terre manger du blé ; ensuite ils s’approchèrent du bord de l’étang. Alors la grenouille entraîna le rat au fond, tandis qu’elle s’ébattait dans l’eau en poussant ses brekekekex. Et le malheureux rat, gonflé d’eau, fut noyé ; mais il surnageait, attaché à la patte de la grenouille. Un milan, l’ayant aperçu, l’enleva dans ses serres, et la grenouille enchaînée suivit et servit, elle aussi, de dîner au milan.
Même mort, on peut se venger ; car la justice divine à l’œil sur tout, et proportionne dans sa balance le châtiment à la faute.
Un naufragé, rejeté sur le rivage, s’était endormi de fatigue ; mais il ne tarda pas à s’éveiller, et, voyant la mer, il lui reprocha de séduire les hommes par son air tranquille ; puis, quand elle les a reçus sur ses eaux, de devenir sauvage et de les faire périr. La mer, ayant pris la forme d’une femme, lui dit : « Mais, mon ami, ce n’est pas à moi, c’est aux vents qu’il faut adresser tes reproches ; car moi, je suis naturellement telle que tu me vois à présent : ce sont les vents qui, tombant sur moi à l’improviste, me soulèvent et me rendent sauvage. »
De même nous ne devons pas rendre responsable l’auteur