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Page:Ésope - Fables - Émile Chambry.djvu/272

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LA CHAUVE-SOURIS, LA RONCE ET LA MOUETTE


La chauve-souris, la ronce et la mouette s’associèrent ensemble dans l’intention de s’adonner au commerce. En conséquence la chauve-souris emprunta de l’argent pour le mettre dans la communauté ; la ronce prit avec elle de l’étoffe, et la troisième associée, la mouette, acheta du cuivre ; puis elles appareillèrent. Mais une violente tempête étant survenue, le vaisseau chavira, et toute la cargaison fut perdue ; elles ne sauvèrent que leurs personnes. Aussi depuis ce temps, la mouette est toujours aux aguets sur les rivages, pour voir si la mer ne rejettera pas son cuivre quelque part ; la chauve-souris, craignant ses créanciers, ne se montre pas de jour et ne sort pour pâturer que la nuit ; enfin la ronce accroche les habits des passants, cherchant à reconnaître son étoffe.

Cette fable montre que nous revenons toujours aux choses où nous avons intérêt.



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LA CHAUVE-SOURIS ET LES BELETTES


Une chauve-souris, étant tombée à terre, fut prise par une belette. Se voyant sur le point d’être tuée, elle demanda la vie. La belette lui dit qu’elle ne pouvait la relâcher ; car elle était de son naturel ennemie de tous les oiseaux. La chauve-souris répliqua qu’elle-même n’était pas un oiseau, mais une souris, et elle s’en tira par ce moyen. Dans la suite, étant tombée une seconde fois, elle fut prise par une autre belette, et la pria de ne point la manger. Celle-ci ayant répondu qu’elle détestait toutes les souris, la chauve-souris affirma qu’elle-même n’était pas une souris, mais une chauve-souris, et elle fut relâchée encore cette fois. Il arriva ainsi qu’à deux reprises, en changeant de nom, elle se sauva de la mort.

Cette fable montre qu’il ne faut pas s’en tenir toujours aux mêmes moyens, mais songer qu’en s’accommodant aux circonstances, on échappe souvent au danger.