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quelques autres qui n’y sont pas entrées, comme Le Paralytique et l’Aveugle, l’Huître et le Rat. Mais au Ie siècle avant J.-C., la fable reprend faveur. Diodore de Sicile nous rapporte l’apologue du Lion amoureux, Nicolas de Damas Les deux Chiens, Denys d’Halicarnasse Les Membres et l’Estomac.


La fable à Rome : Lucilius, Horace, Phèdre.

Pendant ce temps, Rome s’appropriait l’héritage littéraire de la Grèce, la fable, comme le reste. Dès le milieu du 2e siècle, Lucilius reproduisait deux fables que nous connaissons déjà : Le Lion vieilli et le Renard, Le Cheval et le Cerf. La dernière a été reprise par Horace qui sème volontiers d’apologues ses Satires et ses Epîtres. Celui du Rat de Ville et du Rat des Champs qui termine la 6e satire du livre II est un pur joyau ; ceux de la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf, du Cheval et du Cerf, du Renard au ventre gonflé sont vivement et rapidement contés. Mais le plus souvent c’est par de fines et malicieuses allusions qu’Horace use de la fable ; c’est ainsi qu’il résume d’un vers La Montagne en travail ou qu’il avertit son ami Celsus de ne pas imiter la corneille parée de plumes étrangères.

Puis la fable se fait sa place à part avec Phèdre qui met en vers sénaires les fables d’Ésope. On reconnaît en effet dans le recueil de Phèdre un certain nombre de fables que nous connaissons déjà ; d’autres se retrouvent dans nos recueils grecs. Quelques-unes mettent en scène Ésope lui-même : Ésope et le Brutal III, 5 ; Ésope jouant III, 14 ; Ésope et le Bavard III, 19 ; Ésope et l’Ecrivain, app. 7 ; Ésope et le Vainquear aux Jeux, app. II ; Ésope et l’Esclave fugitif, app. 18. Crusius et Hausrath ont supposé qu’elles avaient été prises à une biographie d’Ésope, et en ont conclu qu’une partie de nos recueils étaient issus de biographies de ce genre : supposition gratuite, nous le démontrerons plus loin. Dans son Histoire de la fable grecque, Denis prétend que Phèdre a puisé ses fables à deux recueils, celui de Démétrios de Phalère et celui d’un certain Théopompe dont il est question au chapitre 48 de la Vie de César par Plutarque. Il est probable en effet que Phèdre a eu sous les yeux le recueil de Démétrios ; quant à celui de Théopompe, était-ce bien un recueil d’apologues ? Examinons les termes de Plutarque : « César, dit-il, après avoir rendu la liberté à toute la Thessalie… accorda la même