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Grenouille (246), elle est apparentée à Ba, et doit lui être postérieure.


Manuscrits mélangés.

Enfin il y a un certain nombre de manuscrits mélangés qu’on ne peut omettre. J’appelle ainsi des manuscrits formés de fables empruntées à deux ou trois de nos quatre grandes classes, ou même aux 4 à la fois. Presque toujours ces fables sont textuellement copiées soit sur l’une, soit sur l’autre classe ; quelquefois aussi elles sont contaminées, c’est-à-dire qu’elles empruntent un passage à telle classe, un autre à telle autre. Ces manuscrits seraient négligeables, s’ils n’offraient des variantes intéressantes, empruntées non pas à nos manuscrits, mais à leurs archétypes, et surtout s’ils ne contenaient pas un certain nombre de pièces originales, prises à des manuscrits perdus. Les plus importants sont le Palatinas 195 (Ma) dont Nevelet a extrait 53 fables, et qui en contient 179 tirées de toutes les classes, mais surtout de la 1re (142 fables sur 186), et 7 fables originales ; puis le Vaticanus 777 (Mb) qui est le plus volumineux de tous nos manuscrits ; car il a 244 fables : 140 tirées de P, 60 en vers ou en prose apparentées à Ba, 17 venues de C, 2 d’Aphthonios et 25 fables de Babrius. Outre ces deux précieux manuscrits, on trouve encore à glaner dans Mc, Md, Me, Mf, Mg, Mh, Mi, Mj, Mk, MI, Mm, Mn, Mo sur lesquels notre édition critique fournira quelques renseignements précis au lecteur curieux de la tradition manuscrite. Il serait vain de vouloir dater la rédaction de ces manuscrits composites qui peuvent avoir été formés aussi bien au Xe siècle qu’au VIe, et dont la teneur a sans doute varié chaque fois qu’ils ont été recopiés. Le plus important, le Vaticanus 777, est postérieur au VIe siècle, puisqu’il contient, à côté des véritables scazons de Babrius, des fables en scazons politiques que nous avons approximativement rapportées à ce siècle.


Je ne me flatte pas d’avoir donné sur l’âge de nos rédactions autre chose que des conjectures. Cependant il me paraît assuré qu’elles ne datent pas des temps byzantins. Le roman d’Ésope, qui avait toujours passé pour une œuvre byzantine des plus bas temps, a dû être reporté au IIIe ou IVe siècle de notre ère par la découverte du papyrus Golenischeff. Peut-être un jour un papyrus couvert de fables ésopiques nous