Page:Études religieuses, historiques et littéraires, volume 69, septembre-décembre 1896.djvu/386

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térature palladique a pris de si vastes proportions que le silence serait aujourd’hui une faute et un grave danger.

Avant tout, mettons la question bien au point. Il ne s’agit pas de savoir si parmi les mystificateurs, il y a une femme qui s’appelle ou prétend s’appeler Diana Vaughan : il est si aisé de former une jeune fille quelconque à jouer un rôle, voire même à se confesser ; il s’agit de décider s’il existe une fabrique de documents apocryphes et d’histoires inventées à plaisir pour ridiculiser les catholiques trop crédules ; si l’histoire d’une Diana palladiste convertie par Jeanne d’Arc, baptisée en secret dans un couvent inconnu par une supérieure qui a perdu la tête, est un roman imaginé de toutes pièces par d’audacieux spéculateurs. La mystification une fois établie, il n’en résultera pas que tout est faux dans les ouvrages en question, — un menteur ne ment pas toujours ; mais il sera établi que tout est suspect et doit être contrôlé par d’autres sources.

Tout est suspect, disons-nous. Il serait inutile de chercher à faire la part du feu dans cette collection, de jeter à l’eau par exemple, le Diable au dix-neuvième siècle, pour sauver les Mémoires de l’ex-palladiste. Tout se tient : c’est l’auteur du Diable qui introduit Diana, raconte son histoire et se porte garant de sa conversion ; ce sont les Mémoires de la prétendue Diana qui confirment à chaque instant la véracité du Dr Bataille dans le Diable au dix-neuvième siècle.

Est-il nécessaire de déclarer que nous flétrissons seulement la spéculation ? Quant à plusieurs de ceux qui en ont été les victimes, leur erreur ne saurait diminuer la profonde vénération que mérite leur zèle. Cela dit, une fois pour toutes, voici l’incident du Congrès qui a si fort avancé la solution du problème.

Dès le 25 août 1896, le P. Gruber, le savant auteur de l’Étude sur Comte et le positivisme, après une étude approfondie de la littérature maçonnique et une enquête faite à Paris même, démontrait dans la Kölnische Volkszeitung que sous les prétendues révélations de Diana Vaughan se cachait une immense escroquerie. Le feu ainsi mis aux poudres, les congressistes de Trente ne pouvaient éviter la question. Dans une séance particulière de la 4e section, Mgr Gratzfeld, re-