Page:Études religieuses, historiques et littéraires, volume 69, septembre-décembre 1896.djvu/396

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mense majorité du clergé était humiliée des fables débitées et acceptées sous prétexte de surnaturel. Tout au plus ne se rendait-on pas suffisamment compte du danger que renferme cette littérature nauséabonde. Mettre en cause le catholicisme, parce que quelques prêtres ont été trop bons et trop simples, c’est imiter ce journal protestant d’Allemagne qui se croyait très fort en demandant à la Kölnische Volkszeitung : Que devient pour vous l’infaillibilité du Pape ?

Mais aux catholiques assez imprudents pour admettre ces rêveries extravagantes, on a le droit de recommander à l’avenir plus de sagesse, et la fidélité aux conseils du Congrès de Trente, disons mieux, la fidélité aux lois de l’Église. Pourquoi les éditeurs ont-ils oublié que ces lois défendent de publier sans approbation épiscopale les récits de miracles et de visions ? Ce serait trop peu à l’avenir de jeter au panier toutes les productions anciennes et nouvelles de miss Diana Vaughan. Les catholiques devront mettre en interdit, du moins en suspicion, toute publication antimaçonnique, qui serait dépourvue d’un patronage ecclésiastique. Ils fermeront impitoyablement leurs bourses si longtemps exploitées, à toute œuvre antimaçonnique, organisée en dehors de l’autorité compétente. Ils se rappelleront que l’abus du pseudonyme a permis aux faussaires de se dissimuler si longtemps. Tout document maçonnique, pour être pris au sérieux, devra être mis sous la garantie d’un nom connu et respectable. Les journaux et revues catholiques, comme la vaillante Franc-Maçonnerie démasquée, écarteront impitoyablement toute correspondance non signée, et contrôleront sérieusement les documents mis en œuvre. On ne verra plus alors, comme dans un journal du 11 octobre 1896, de dépêches dans le genre de celle-ci : « Sophie Walder est arrivée à petites journées à Jérusalem, comme l’avait annoncé Diana Vaughan. » S’il n’y veille, ce même journal recevra bientôt la nouvelle que l’aïeule de l’Antéchrist est vraiment née le 29 septembre 1896.

Mais, si nous sommes sages, de cette triste aventure se dégage une leçon d’une plus haute portée. Il faut aller à la racine du mal, et nous la trouvons dans une malheureuse tendance de certains esprits : d’une part enclins à voir le diable partout, d’autre part troublés au seul mot de critique :