Page:Études religieuses, historiques et littéraires, volume 69, septembre-décembre 1896.djvu/397

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peut-être parce qu’il en coûte trop de s’informer et d’examiner, ils accusent volontiers de tendances rationalistes, ceux qui, avec une foi profonde à l’action du démon, se refusent à admettre des fables, ou même à croire sans preuves que Dieu laisse le démon accomplir en pleine société chrétienne plus d’infamies en quelques jours que toute l’histoire ecclésiastique n’en raconte pour de longs siècles. Et ce qu’il y a de pire, c’est que ces intrépides croyants, sans même avoir lu les Mémoires ou le Diable au dix-neuvième siècle, les défendaient a priori, et vous disaient triomphalement : « Au fond, vous n’avez pas de preuves : ces faits ne sont pas impossibles. » Comme s’il suffisait qu’une chose ne soit pas démontrée impossible pour qu’elle mérite aussitôt d’être crue !

Voilà où plusieurs en étaient venus, et là est la véritable cause du silence trop prolongé de la presse. « Ils veulent une leçon, nous disait un vénérable ecclésiastique à propos de ces ennemis de toute critique, ils l’auront, et elle sera rude. » La leçon est venue ; puisse-t-elle être comprise et épargner désormais aux défenseurs dévoués du vrai surnaturel ces attaques dont se plaint si justement la Kölnische Volkszeitung du 13 octobre 1896, dans un article magistral dont nous extrairons du moins cette page :

« Faut-il rire ou s’indigner du reproche fait à la presse catholique allemande de favoriser la franc-maçonnerie, alors qu’elle a simplement mieux usé que d’autres du bon sens donné par Dieu aux hommes ? Quiconque se fait le collaborateur ou le propagateur de cette littérature superstitieuse, quiconque lève seulement le doigt pour défendre ces inventions des publicistes parisiens qui battent monnaie sur la crédulité du dix-neuvième siècle, sert par là même sciemment ou à son insu la haine de la maçonnerie contre l’Église. Car où aboutit cette campagne préparée de longue main par des imposteurs et continuée par leurs dupes ? À répandre, sous le couvert de la piété, de grossiers mensonges ou d’indignes charlataneries ; à embarrasser dans des extravagances nombre de catholiques et même de prêtres, qui auraient certes œuvre plus sérieuse à faire ; à jeter le trouble dans les esprits, à mêler des choses vénérables, telles que