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À cette heure, Rome tient la Belgique ; mais qui n’a pas la France n’a rien. Rome voudrait tenir la France. Nous assistons à ce sinistre effort.

Paris et Rome sont aux prises.

Rome nous veut.

Les ténèbres gonflent toutes leurs forces autour de nous.

C’est l’épouvantable rut de l’abîme.


IX

Autour de nous se dresse toute la puissance multiple qui peut sortir du passé, l’esprit de monarchie, l’esprit de superstition, l’esprit de caserne et de couvent, l’habileté des menteurs, et l’effarement de ceux qui ne comprennent pas. Nous avons contre nous la témérité, la hardiesse, l’effronterie, l’audace, et la peur.

Nous n’avons pour nous que la lumière.

C’est pourquoi nous vaincrons.

Si étrange que semble le moment présent, quelque mauvaise apparence qu’il ait, aucune âme sérieuse ne doit désespérer. Les surfaces sont ce qu’elles sont, mais il y a une loi morale dans la destinée, et les courants sous-marins existent. Pendant que le flot s’agite, eux, ils travaillent. On ne les voit pas, mais ce qu’ils font finit toujours par sortir tout à coup de l’ombre, l’inaperçu construit l’imprévu. Sachons comprendre l’inattendu de l’histoire. C’est au moment où le mal croit triompher qu’il s’effondre ; son entassement fait son écroulement.

Tous les évènements récents, dans leurs grands comme dans leurs petits détails, sont pleins de ces surprises. En veut-on un exemple ? en voici un :

Si c’est une digression, qu’on nous la permette ; car elle va au but.


X

Les Assemblées ont un meuble qu’on appelle la tribune. Quand les Assemblées seront ce qu’elles doivent être, la tribune sera en marbre blanc, comme il sied au trépied de la pensée et à l’autel de la conscience, et il y aura des Phidias et des Michel-Ange pour la sculpter. En attendant que la tribune soit en marbre, elle est en bois, et en attendant qu’elle soit un