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LE VICOMTE DE LAUNAY.

elles étaient fort jolies et très-bien mises. L’une d’elles avait une robe de moire rose faite à la mode du village, et un superbe bonnet de paysanne en dentelle. Ce costume simple, au milieu de tous ces habits de bal assez mal portés, faisait un effet charmant. Le luxe des fleurs à cette fête était prodigieux ; la célèbre madame Barjeon avait fait merveilles ; mais on doit aussi de grands éloges à madame Augustine Copin, à cette jeune femme savante comme un vieux botaniste, qui a su elle-même fonder ce beau jardin, boulevard Saint-Jacques, 6, où les amateurs vont faire leur provision de fleurs, et que les oisifs prennent souvent pour but de leur promenade.

À propos de luxe, il en est un que nous dénonçons au conseil de salubrité publique ; il est une recherche homicide, une élégance meurtrière dont il faut faire justice au plus tôt. Nous voulons parler de ce papier soi-disant parfumé dont une feuille suffit pour infecter tout un appartement. Vous croyez peut-être que ce sont des femmes qui écrivent ces billets ambrés ; point du tout, ce sont des hommes, de gros hommes qui ont une grosse écriture ; dernièrement, un de nos amis s’est évanoui après avoir reçu un poulet parfumé de sa… non, de son avoué ! Médecins homéopathes, délivrez-nous, de grâce, des billets empoisonnés ; nous ne sommes plus au temps de Catherine de Médicis ! Le moyen âge n’est déjà plus de mode !

Un journal annonce que madame la duchesse d’Orléans va donner chez elle un bal d’enfants. Quelle charmante épigramme ! Quoi de plus ingénieux, de plus malin ! Cette jeune princesse, qui n’a eu jusqu’ici pour danseurs que les magistrats les plus graves, les fonctionnaires les plus vénérables, veut rendre à ces messieurs leur belle fête par un bal d’enfants, de petits enfants ! Quelle leçon spirituelle, quelle manière gracieuse de dire à ses danseurs : « Je sais que vous êtes tous grands-pères. »


LETTRE DIX-SEPTIÈME.

Les environs de Paris.
6 juillet 1837.

C’est une bien triste semaine que celle-ci : semaine de départ et d’adieux ; et les adieux sont toujours pénibles, même pour