servi qu’à vous épouvanter et à vous faire perdre tout votre temps.
Commandez une robe à une couturière pour mardi ou jeudi, elle vous dira : « Je ne peux pas la donner, je n’ai point d’ouvrières. » Commandez des souliers, on vous fera attendre un mois, et l’on vous dira : « Nous n’avons pas d’ouvriers… » On y ajoutera même : « dans ce moment-ci ! les étrennes…, etc. » Comme si les étrennes agitaient beaucoup les cordonniers. Les souliers que l’on ose offrir au premier jour de l’an sont de sucre ou de porcelaine. On offre très-peu de souliers de maroquin. Qui nous expliquera ce mystère, comment se fait-il que les ouvriers manquent d’ouvrage, quand tous les travaux manquent d’ouvriers ?
LETTRE DEUXIÈME.
La pièce nouvelle, l’École du grand monde, a soulevé une grave question. Depuis huit jours, tous les feuilletons de Paris retentissent de ces mots : Qu’est-ce que le grand monde ? Y a-t-il un grand monde ? Où est-il donc, ce grand monde ? — Et l’on prétend que chacun répond : « Mais le grand monde, c’est le mien… » et l’on conclut, de là que si chacun a son grand monde, c’est que tout simplement il n’y en a pas…
Eh bien ! nous déclarons à notre tour qu’il y a un grand monde ; qu’en France il y a toujours eu un grand monde, et que depuis la révolution de Juillet il y en a deux.
Le premier, c’est-à-dire le plus ancien, c’est cette partie de la société française qu’on appelle le faubourg Saint-Germain, bien que ses plus célèbres héroïnes aient presque toujours habité le faubourg Saint-Honoré.
Le second est cette partie du monde que l’on appelle la Chaussée d’Antin, bien que quelques-uns de ses gros bonnets habitent le faubourg Saint-Germain et le faubourg Saint-Honoré.