Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/437

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Amédée.

C’est possible ! mais on ne l’aura pas assez naturalisé.

Henriette.

Ah ! dame, le sang du Midi bouillonne dans les veines.

Amédée.

Hein ! quand il va voir sa pendule en bringue, va-t-il bouillonner ?

Henriette.

Que comptez-vous faire ?

Amédée.

Quitter cette maison.

Henriette.

Mais cela se raccommode, une pendule…

Amédée.

Vous l’avez entendue, elle sonne des heures folles, surnaturelles, impossibles ! vingt-sept heures !… il n’y a que moi pour m’attirer des heures comme celles-là !

Henriette.

Y a-t-il d’autres choses brisées ? les colombes, les Amours, la femme ?…

Amédée.

La femme en or est solide, elle n’a rien… il y a seulement un petit Amour qui a les jambes tordues, mais avec un bon coup de marteau cela peut s’arranger… Il y a aussi ces deux pauvres colombes qui se becquetaient… eh bien, dans la chute, elles ont été séparées, elles ne se becquètent plus ; mais avec un bon coup de marteau on peut les faire se becqueter encore et rétablir le baiser que le cousin Rodrigues admire tant. — Tout cela est peu de chose ; mais la pendule, le balancier, la sonnerie !… Oh ! n’en parlons pas… Adieu, mademoiselle Henriette ; vous pouvez vous vanter d’être dans une maison que je regretterai toute ma vie… Quant à vous, je vous passe sous silence !… mais… vous savez bien, mademoiselle, que vous étiez ce qui me plaisait le plus de tout mon service…

Henriette.

Allons, Amédée…

Amédée. Il s’assied accablé sur le bord de la table.

Ah ! malheureux ! pourquoi ai-je eu l’idée de laver la cheminée du salon… je devais bien m’attendre à cela… Je le