Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 6.djvu/489

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Julie.

Ingrat !

Rosette.

Ce cher petit divorce ! que j’ai hâte de le posséder… oh ! donne-le.

Julie.

Non, je ne veux plus vous le donner… vous ne le méritez pas.

Rosette.

Veux-tu donc rester l’épouse de ce gredin ?

Julie.

Non certes, je divorcerai… l’acte est sérieusement rédigé… il me servira à rompre une odieuse chaîne… Mais ce n’est pas vous que je chargerai de le remettre au tribunal.

Rosette tendrement.

Allons, coquette, donne-le… quel autre que moi peut le faire promulguer et homologuer ? Où est-il ?… dans ce secrétaire ? dans cette armoire ? je fouille partout, moi ; je le veux ! (Il se dirige vers d’armoire, qu’il ouvre, et voit le pâté, les gâteaux, etc.) Oh ! c’est le repas de noces qui est là dedans ? nous lui dirons deux mots, j’espère.

Julie cherchant.

Je ne l’ai pas là… je l’ai laissé dans ma chambre… j’ai encore une petite page à copier.

Rosette.

Tu le griffonnes donc toi-même ?

Julie.

Oui, j’ai un modèle… c’est un acte de séparation que l’infâme de Langeais a rédigé il y a trois ans pour une de ses clientes… Le procureur n’y a rajusté que quelques lignes, tant c’était clair et bien fait.

Rosette.

Ainsi, c’est ton ci-devant mari lui-même qui aura donné le modèle de son acte de divorce ? Ah ! parfait ! c’est à mettre en comédie !… c’est délirant ! Je commence à l’aimer, ce pauvre de Langeais, puisque je lui dois mon bonheur !… Ah ! ah ! ah ! (Il rit.) Avoue que c’est drôle !

Julie.

Je suis forcée d’en convenir.