Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/24

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cependant me donner la comédie, il s’ensuit que son premier besoin, son talent le plus nécessaire, doit être celui de peindre : car il faut qu’il montre aux regards ce théâtre, ces acteurs qui lui manquent ; il faut qu’il fasse lui-même ses décorations, ses habits ; que non-seulement il écrive ses rôles, mais qu’il les joue en les écrivant ; et qu’il exprime à la fois les gestes, les attitudes, les mines, les jeux de visage, qui ajoutent tant à l’effet des scènes.

Mais ce talent de peindre ne suffiroit pas pour le genre de la fable, s’il ne se trouvoit réuni avec celui de conter gaiement : art difficile et peu commun ; car la gaieté que j’entends est à la fois celle de l’esprit et celle du caractère. C’est ce don, le plus désirable sans doute puisqu’il vient presque toujours de l’innocence, qui nous fait aimer des autres parce que nous pouvons nous aimer nous-mêmes ; change en plaisirs toutes nos actions, et souvent tous nos devoirs ; nous délivre, sans nous donner la peine de l’attention,