Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prends aussi que la direction du journal mettrait bien des chances de mon côté. Donc, au lieu de donner deux sophismes, dans le prochain numéro, choisis parmi ceux d’un genre populaire et anecdotique, je sens l’opportunité de faire de la doctrine, et je vais consacrer la journée de demain à en refondre deux ou trois plus importants. Voilà pourquoi je ne puis t’écrire aussi longuement que je voudrais et me vois forcé de parler de moi au lieu de répondre à tes affectueuses lettres.

M. Say veut me confier tous les papiers de son père ; il y a des choses assez curieuses. C’est d’ailleurs un témoignage de confiance qui m’a touché. Hippolyte Comte, le fils de Charles, me laissera aussi fouiller dans les notes de notre auteur favori, lequel est entièrement inconnu ici même… Mais je ne veux pas manquer à ce que je dois aux hommes qui m’accablent de preuves d’amitié.

Tu vois, cher Félix, que de motifs pour et contre : il faudra pourtant que je me décide bientôt. Oh ! j’ai bien besoin de tes conseils, et surtout que tu me dises ce que pense ma pauvre tante.

Quoique je réponde à peine à tes lettres, il faut pourtant que je te dise que l’ouvrage de Simon est très-rare et très-cher ; il n’y en a que quatre exemplaires, dont deux dans les bibliothèques publiques. Bossuet avait fait détruire toute l’édition.

Adieu, mon cher Félix, excuse la hâte avec laquelle j’écris.

Londres, juillet 1845.

Mon cher Félix, j’arrivai ici hier soir. Sachant combien tu t’intéresses à notre cause, et au rôle que le hasard m’y a donné, je te raconterai tout ce qui se passe, d’autant que je n’ai pas le temps de prendre des notes, et dès lors mes lettres me serviront plus tard à rappeler mes souvenirs, afin