Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/162

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pouvaient faire du bien ailleurs. Eh ! quand il s’agit de ramener les ouvriers, ne vaut-il pas mieux dire la vérité dans le journal qu’ils lisent ?

Mardi, je commence mon cours à la jeunesse des écoles. Tu vois que la besogne ne manque pas ; et, pour m’arranger, ma poitrine subit un traitement qui me prend deux heures tous les jours. Il est vrai que je m’en trouve à merveille.

Je ne te parle que de moi, mon cher Félix, imite cet exemple, et parle-moi beaucoup de toi. Si tu voulais suivre mon conseil, je t’engagerais fortement à faire quelque chose d’utile ; par exemple, une série de petits pamphlets. Ils sont longs à pénétrer dans les masses, mais ils finissent par faire leur œuvre.

Commencement de 1850.

Il n’y a pas de jour, mon cher Félix, où je ne pense à te répondre. Toujours par la même cause, j’ai la tête si faible que le moindre travail m’assomme. Pour peu que je sois engagé dans quelques-unes de ces affaires qui commandent, le peu de temps que je puis consacrer à tenir une plume est absorbé ; et me voilà forcé de renvoyer de jour en jour ma correspondance. Mais enfin, si je dois trouver de l’indulgence quelque part, c’est bien dans mes amis.

Tu me disais, dans une lettre précédente, que tu avais un projet et que tu me le communiquerais. J’attends, très-disposé à te seconder ; mais s’il s’agit de journaux, je dois te prévenir que j’ai très-peu de relations avec eux, et tu devines pourquoi. Il serait impossible de se lier avec eux sans y laisser son indépendance. Je suis décidé, quoi qu’il arrive, à n’être pas un homme de parti. Avec nos idées, c’est un rôle impossible. Je sais bien qu’en ce temps s’isoler c’est s’annuler, mais j’aime mieux cela. Si j’avais la force que j’avais autrefois, le moment serait venu d’exercer une véritable action sur l’opinion publique, et mon éloi-