Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/187

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former entre eux une association sur ces bases et de nous laisser en former une autre sur le terrain du principe abstrait et absolu : no protection, bien convaincu que la nôtre absorbera la leur.


Paris, 25 mars 1846.

Mon cher Monsieur, dès la réception de votre lettre, j’ai remis à M. Dunoyer votre réponse à l’adresse de notre société d’économistes. Je viens de la traduire et elle n’a paru rien contenir qui puisse avoir des inconvénients à la publicité. Seulement, nous ne savons trop où faire paraître ce précieux document. Le Journal des Économistes ne paraîtra que vers le 20 avril. C’est bien tard. Beaucoup de journaux sont engagés avec le monopole, beaucoup d’autres avec l’anglophobie, et beaucoup d’autres sont sans valeur. Une démarche va être faite auprès du Journal des Débats. Je vous en dirai l’effet par post-scriptum. — Assurément, il n’y a rien dans votre lettre que de pur, noble, vrai et cosmopolite, comme dans votre cœur. Mais notre nation est si susceptible, elle est d’ailleurs si imbue de l’idée que la liberté commerciale est bonne pour vous et mauvaise pour nous, — que vous ne l’avez adoptée, en partie, que par machiavélisme et pour nous entraîner dans cette voie, — ces idées, dis-je, sont si répandues, si populaires, que je ne sais si la publication de votre adresse ne sera pas inopportune au moment où nous formons une association. On ne manquera pas de dire que nous sommes dupes de la perfide Albion. Des hommes qui savent que si deux et deux font quatre en Angleterre, ils ne font pas trois en France, rient de ces préjugés. Cependant, il me paraît prudent de les dissiper plutôt que de les heurter. C’est pourquoi je soumettrai encore la question de la publicité à quelques hommes éclairés avec lesquels je me réunis ce soir, et je vous ferai connaître demain le résultat de cette conférence.