Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/193

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treront dans notre ligue et y puiseront, sinon des lumières, au moins du courage.

Paris, 25 mai 1846.

Voilà bien des jours que je ne vous ai pas écrit, mon cher monsieur Cobden, mais enfin je ne pouvais trouver une occasion plus favorable pour réparer ma négligence, puisque j’ai le plaisir d’introduire auprès de vous le Maire de Bordeaux, le digne, le chaleureux président de notre association, M. Duffour Dubergié. Je ne pense pas avoir rien à ajouter pour lui assurer de votre part le plus cordial accueil. Connaissant l’étroite union qui lie tous les ligueurs, je me dispense même d’écrire à messieurs Bright, Paulton, etc., bien convaincu qu’à votre recommandation, M. Duffour sera admis au milieu de vous comme un membre de cette grande confraternité qui s’est levée pour l’affranchissement et l’union des peuples. Et qui mérite plus que lui votre sympathie ? C’est lui qui, par l’autorité de sa position, de sa fortune et de son caractère, a entraîné Bordeaux et décidé le peu qui se fait à Paris. Il n’a pas tergiversé et hésité comme font nos diplomates de la capitale. Sa résolution a été assez prompte et assez énergique pour que notre gouvernement lui-même n’ait pas eu le temps d’entraver le mouvement, à supposer qu’il en eût eu l’intention.

Recevez donc M. Duffour comme le vrai fondateur de l’association en France. D’autres rechercheront et recueilleront peut-être un jour cette gloire. C’est assez ordinaire ; mais, quant à moi, je la ferai toujours remonter à notre président de Bordeaux.

Au milieu de l’agitation que doit exciter l’état de vos affaires, peut-être vous demandez-vous quelquefois où en est notre petite ligue de Paris. Hélas ! elle est dans une période d’inertie fort ennuyeuse pour moi. La loi française exigeant que les associations soient autorisées, plusieurs membres,