Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/222

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quel la puissance humaine a quelque action) le procédé est plus long ; il faut extirper le vice et l’ignorance. »

Frappé du danger de la voie dans laquelle se précipite la jeunesse, j’ai pris le parti de lui demander de m’entendre. J’ai réuni les élèves des écoles de Droit et de Médecine, c’est-à-dire ces jeunes hommes qui dans quelques années gouverneront le monde ou du moins la France. Ils m’ont écouté avec bienveillance, avec sympathie, mais, comme vous pensez bien, sans trop me comprendre. N’importe ; puisque l’expérience est commencée, je la suivrai jusqu’au bout. Vous savez que j’ai toujours dans la tête le plan d’un petit ouvrage intitulé les Harmonies économiques. C’est le point de vue positif dont les sophismes sont le point de vue négatif. Pour préparer le terrain, j’ai distribué à ces jeunes gens les Sophismes. Chacun en a reçu un exemplaire. J’espère que cela désobstruera un peu leur esprit, et, au retour des vacances, je me propose de leur exposer méthodiquement les harmonies.

Vous comprenez à présent, mon ami, combien je tiens à ma santé ! oh ! que la bonté divine me donne au moins encore un an de force ! qu’elle me permette d’exposer devant mes jeunes concitoyens ce que je considère comme la vraie théorie sociale, sous ces douze chapitres : Besoins, production, propriété, concurrence, population, liberté, égalité, responsabilité, solidarité, fraternité, unité, rôle de l’opinion publique ; et je remettrai sans regret, — avec joie, — ma vie entre ses mains !

Adieu, mon ami, veuillez remercier madame Cobden de son bon souvenir et recevez tous deux les vœux que je forme pour votre bonheur.

Paris, 15 octobre 1847.

Mon cher ami, j’apprends avec bien du plaisir, par les journaux de ce matin, votre retour à Londres. Il y a si