Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/287

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mer que M. Faurie possédât cette éloquence passionnée destinée à remuer les masses populaires sur une place publique ; mais je le crois très en état d’énoncer devant la chambre les observations qui lui seraient suggérées par son esprit droit et ses intentions consciencieuses, et l’on conviendra que, lorsqu’il s’agit de discuter des lois, l’éloquence qui ne s’adresse qu’à la raison pour l’éclairer est moins dangereuse que celle qui agit sur les passions pour les égarer.

J’ai entendu faire contre ce candidat une objection qui me paraît bien peu fondée : « N’est-il pas à craindre, disait-on, qu’étant Bayonnais il ne travaille plus pour Bayonne que pour le département des Landes ? »

Je ne répondrai pas que personne ne songeait à faire cette objection contre M. d’Haussez ; que le lien qui s’établit entre l’élu et les électeurs est aussi puissant que celui qui attache l’homme au pays qui l’a vu naître ; enfin, que M. Faurie, possédant ses propriétés dans le département des Landes, peut être, en quelque sorte, regardé comme notre compatriote.

Il est une autre réponse qui, selon moi, ôte toute sa force à l’objection.

Ne semblerait-il pas, à entendre le langage de ces hommes prévoyants, que les intérêts de Bayonne et ceux du département des Landes sont tellement opposés, qu’on ne puisse rien faire pour les uns qui ne tourne nécessairement contre les autres ? Mais pour peu qu’on réfléchisse à la position respective de Bayonne et des Landes, on sentira qu’au contraire leurs intérêts sont inséparables, identiques.

En effet, une ville de commerce placée à l’embouchure d’un fleuve ne peut avoir, dans le cours ordinaire des choses, qu’une importance proportionnée à celle du pays que ce fleuve parcourt. Si Nantes et Bordeaux prospèrent plus que Bayonne, c’est que la Loire et la Garonne traver-