Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/347

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revient-elle pas exclusivement aux procédés qui l’ont fait naître ?

Je vais maintenant présenter quelques observations sur ce que j’ai nommé : Erreurs de doctrine, c’est-à-dire sur la manière erronée dont on forme les moyennes et sur les fausses conséquences que l’on en déduit.

D’abord, pour que le prix des qualités supérieures combiné avec celui des qualités inférieures donnât un prix moyen réel, en harmonie avec le revenu réel, il faudrait qu’il se récoltât autant des unes que des autres, ce qui, pour le vin, est contraire à la vérité. Le département des Landes en produit beaucoup plus de médiocre que de bon ; et en négligeant cette considération, on arrive à une moyenne exagérée. Exemple : soient 100 pièces de vin à 28 fr. et 10 pièces à 60 fr., la moyenne des prix considérés en eux-mêmes, est bien 44. fr. Mais la moyenne des prix réels accusant le revenu, c’est-à-dire des sommes recouvrées pour chaque barrique l’une dans l’autre, n’est que de 30 fr. 91 c.

Ensuite, lorsqu’on introduit un prix élevé dans la série de ceux qui doivent concourir à former une moyenne, celle-ci s’élève, d’où l’on conclut à une élévation correspondante de revenu. Or, cette conclusion n’est ni rigoureuse en théorie, ni vraie en pratique.

Je suppose que pendant quatre ans une denrée se vend à 10 fr., — la moyenne est 10 fr. Si la cinquième année cette même denrée se vend à 20 fr., on a pour les cinq années une moyenne de 12 fr. — L’opération arithmétique est irréprochable. Mais si l’on en conclut que, pour ces cinq années, le revenu est représenté par 12 au lieu de l’être par 10, la conclusion économique sera au moins fort hasardée. Pour qu’elle fût vraie, il faudrait que le produit, en quantité, eût été égal, pendant cette cinquième année, à celui des années précédentes, ce qui ne peut pas même se