Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/450

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On ajoute, il est vrai, que sans le droit fixe il faudrait, sous peine de compromettre le revenu de l’État, porter plus haut le droit ad valorem, qui, dans ce cas, offrirait un trop fort appât à la fraude.

Mais sont-ce les réformateurs auxquels je m’adresse qui plaideront la cause des droits exagérés, au point de vue fiscal ? Quand vous voulez grossir votre revenu, quel est depuis longtemps tout votre secret ? C’est justement de modérer les taxes. Cette politique ne vous a jamais failli ; et, en ce moment même, les résultats de l’abaissement des droits sur le sucre lui donnent une éclatante consécration.

On peut, je crois, tenir pour certain qu’avec un droit modéré de 20 pour 100, l’Angleterre fera sur les vins un commerce immense et constamment progressif. La France consomme 40 millions d’hectolitres de vins, malgré les taxes et les entraves par lesquelles il semble qu’elle cherche à détruire cette branche d’industrie ; y a-t-il exagération à établir que la Grande-Bretagne, avec ses puissantes ressources de consommation, achètera le dixième de ce qu’achète la France, ou 4 millions d’hectolitres, dont 7/8 de vins ordinaires à 3 sch. et 1/8 de vins fins à 28 sch. en moyenne ? Or, dans cette hypothèse, le Trésor recouvrerait de 3 à 4 millions sterling. Il ne perçoit aujourd’hui que 2 millions.

J’ai dit, en second lieu, que le droit uniforme me semble impolitique.

L’Angleterre s’étant assurée que la prospérité d’un peuple se mesure mieux par ses importations que par ses exportations, a pris le parti d’ouvrir ses ports aux produits des autres nations, sans attendre d’elles réciprocité, et sans même la leur demander. Son but principal est de mettre sa législation commerciale en harmonie avec la saine économie politique ; mais, accessoirement, elle espère agir au dehors par