Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/491

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mots, M. Dunoyer commence par définir ce qu’il entend par liberté.

Liberté, c’est puissance d’action. Donc chaque obstacle qui s’abaisse, chaque restriction qui tombe, chaque expérience qui s’acquiert, toute lumière qui éclaire l’intelligence, toute vertu qui accroît la confiance, la sympathie et resserre les liens sociaux, c’est une liberté conquise au monde ; car il n’y a rien en toutes ces choses qui ne soit une puissance d’action, une puissance pacifique, bienfaisante et civilisatrice.

Le premier volume de M. Dunoyer est consacré à la solution de cette question de fait : Le monde a-t-il ou n’a-t-il pas progressé sous l’empire de la loi de liberté ? Il étudie successivement les divers états sociaux par lesquels il a été dans la destinée de l’homme de passer, l’état des peuples chasseurs, pasteurs, agricoles, industriels, auxquels correspondent l’anthropophagie, l’esclavage, le servage, le monopole. Il montre l’espèce humaine s’élevant vers le bien-être et la moralité, à mesure qu’elle devient libre ; il prouve qu’à chaque phase de son existence les maux qu’elle a endurés ont eu pour cause les obstacles qu’elle a rencontrés dans son ignorance, ses erreurs et ses vices ; il signale le principe qui les lui fait surmonter, et, tournant enfin vers l’avenir le flambeau qui vient de lui montrer le passé, il voit la société progresser et progresser indéfiniment, sans qu’elle ait à se soumettre à des organisations récemment inventées, — à la seule condition de combattre sans cesse et les liens qui gênent encore le travail des hommes, et l’ignorance qui obstrue leur esprit, et ce qu’il reste d’imprévoyance, d’injustice et de passions mauvaises dans leurs habitudes.

C’est ainsi que l’auteur fait justice de ce vieux sophisme, indigne de la science et récemment renouvelé des âges les plus barbares, qui consiste à s’étayer de faits isolés, mal-