Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 1.djvu/505

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mauvaises habitudes, des préjugés, des erreurs et des vices par lesquels elle a pu se les attirer ?

Le vrai fatalisme, ce me semble, est au fond de tous vos systèmes, qui, quelque opposés qu’ils soient entre eux, s’accordent seulement en ceci : le bonheur ou le malheur des hommes, indépendant de leurs vices et de leurs vertus, et sur lequel, par conséquent, ils ne peuvent rien, dépend exclusivement d’une invention contingente, d’une organisation imaginée, en l’an de grâce 1846, par M. Vidal.

Il est bien vrai qu’en l’an 1845 M. Blanc en avait imaginé une autre. Mais, heureusement, les trois milliards d’hommes qui couvrent la terre ne l’ont pas acceptée ; sans cela ils ne seraient plus à temps d’essayer celle de M. Vidal.

Que serait-ce si l’humanité s’était pliée à l’organisation inventée par Fourier, qui offrait au capital 24 pour 100 de dividende au lieu des 5 pour 100 qu’assure la nouvelle invention ?

Pour se faire une idée de l’esprit de despotisme qui fait la base de toutes ces rêveries, il suffit de voir combien on y est prodigue de formules comme celles-ci :

« Il faudra proportionner la production aux moyens de consommation.

Il faudra organiser puissamment le travail.

Il faudra appeler toutes les activités et toutes les intelligences, etc.

Il faudra distribuer les produits d’après la justice.

Il faudra élever chaque travailleur au rang de sociétaire.

Il faudra lui fournir les moyens de satisfaire ses besoins, etc.

Il faudra établir l’équilibre entre la production, la consommation et la population.

On peut combiner un bon mécanisme industriel.