Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/141

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effets de ces lois, ne soit arrivé à cette conclusion, qu’elles ont profité aux manouvriers des districts agricoles ; et quant aux fermiers, s’ils étaient appelés en témoignage, ils déclareraient qu’ils n’en ont tiré certainement aucun bénéfice. Les seigneurs sont donc les seuls auxquels on pourrait supposer qu’elles ont profité ; mais on reconnaîtra à la fin qu’il n’en a pas été ainsi. Je suis assez vieux pour me rappeler les démonstrations d’enthousiasme avec lesquelles les seigneurs terriens accueillirent la guerre de France, déclarant que, pour la soutenir, ils dépenseraient leur dernière guinée et leur dernière acre de terre ; et chacun se hâta de faire honneur de leur désintéressement à leur patriotisme. Tant que dura la guerre, ils empruntèrent comme ils purent. Enfin, la paix revint, et avec elle l’abondance et le bon marché ; mais les landlords qui avaient emprunté de l’argent commencèrent à rechercher comment ils pourraient en éviter le payement. Quoiqu’ils eussent engagé leur dernière acre et leur dernier écu à cette cause glorieuse, payer n’était jamais entré dans leurs intentions. (Écoutez ! écoutez !) Leur premier soin fut de débarrasser leurs épaules de 14 millions d’impôts fonciers, et puis ils firent la loi-céréale, afin de maintenir le taux élevé des rentes. Ils savaient bien que les rentes fléchiraient naturellement comme le prix des blés, et ils inventèrent les lois-céréales. Lorsqu’elles furent portées pour la première fois devant la législature, lord Liverpool admit avec franchise et loyauté qu’elles auraient pour effet, et par voie d’induction, qu’elles avaient pour but, d’empêcher la dépression des rentes. Ainsi, l’aristocratie qui avait hypothéqué ses domaines, dans des vues soi-disant patriotiques, au lieu de payer elle-même ses dettes, saisit la première occasion d’en reporter le fardeau sur les classes laborieuses ; et après avoir emprunté jusqu’à concurrence de la valeur des terres, elle en a législativement doublé la rente, en élevant le prix du pain, c’est-à-dire que c’est le peuple et non elle qui paye les arrérages. Voilà comment on en a agi envers le peuple de ce pays ; c’est à lui de dire si cela doit continuer. Le duc de Newcastle a demandé s’il n’avait pas le droit d’user comme il l’entendrait de sa propriété. (Rires.) Je n’ai pas d’objection à faire contre cette doc-