Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/282

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qu’ils ont tant de fois blâmées. (Acclamations.) Faut-il mal augurer de votre cause parce qu’ils imitent vos procédés ? Non, certainement. Je crois au contraire que rien ne peut vous être plus favorable que d’être mis à même de connaître tous les arguments, — si on peut leur donner ce nom, — par lesquels ils s’efforcent de soutenir, au dedans comme au dehors des Chambres, les monopoles dont ils profitent. Gentlemen, je vous félicite de vos progrès ; je vous félicite de la fermeté avec laquelle vous avez toujours adhéré aux vrais principes, et de l’assentiment que vous avez obtenu des intelligences les plus éclairées. Je vous félicite d’avoir maintenant réuni autour de votre bannière à peu près tout ce qu’il y a d’estimable et d’excellent dans notre chère patrie. — Partout où j’ai porté mes pas, en Égypte comme dans l’Inde, j’ai vu le plus vif intérêt se manifester pour les travaux de cette association ; partout j’ai entendu exprimer le plus profond étonnement de la folie et de l’infatuation de ceux qui prétendent fonder leur prospérité sur les désastres et la pauvreté, et la faim, et la nudité et le crime du peuple, prospérité bien odieuse et bien coupable achetée à ce prix ! Il n’y a qu’une opinion à cet égard parmi les hommes que n’aveuglent pas l’esprit de parti ou l’intérêt personnel. Ils ne peuvent traverser des plaines incommensurables, en calculer les ressources, estimer la facilité avec laquelle on pourrait transporter sur le rivage, et de là à travers l’Océan, vers notre pays, des objets propres à soutenir la vie de tant de nos frères qui périssent jusque sous nos yeux ; ils ne peuvent savoir que la valeur de ces aliments reviendrait vers les lieux de leur origine sous une autre forme également avantageuse ; ils ne peuvent, dis-je, voir et comprendre ces choses sans être frappés d’étonnement à l’aspect de la monstrueuse et révoltante spoliation qui se pratique dans ce pays. (Acclamations.) Gentlemen, je n’ai jamais eu qu’une vue sur le régime restrictif, et c’est une vue qui les embrasse toutes ; qui satisfait pleinement mon esprit et qui a fait de moi ce que je suis : un ennemi déclaré absolu, universel, éternel des lois qui circonscrivent les bienfaits de la divine Providence, et disent aux dons que Dieu a répandus avec tant de libéralité sur la surface de la terre : « Vous