Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/383

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l’Espagne ? que nos débats sur l’adresse, sur les sucres, sur les fonds secrets, sur les réformes parlementaire et électorale, ne sont que des masques que nous empruntons pour cacher, à l’égard de l’Espagne, les plus perfides desseins ? si, après avoir excité le sentiment national contre la France, les partis politiques s’en emparaient, comme d’une machine de guerre, pour battre en brèche tous les ministères ? Nous dirions : Bons Espagnols, vous êtes des dupes. Nous ne nous occupons point de vous. Nous avons bien assez d’affaires. Tâchez d’arranger les vôtres, et croyez que tout un grand peuple n’agit pas, ne pense pas, ne vit pas, ne respire pas uniquement pour en tromper un autre. Faites rentrer vos journaux et vos hommes politiques dans une autre voie, si vous ne voulez être un objet de mépris et de pitié aux yeux de tous les peuples.

La question est toujours de savoir ce qui vaut le mieux, de la liberté ou de l’absence de liberté. Au moins ceux qui admettent que la liberté a des avantages doivent-ils admettre aussi que les Anglais la réclament de bonne foi ; et n’est-ce point une chose monstrueuse et décourageante d’entendre nos libéraux mettre à la suite l’une de l’autre ces deux phrases contradictoires : La liberté est le fondement de la prospérité des peuples. — Les Anglais travaillent depuis vingt ans à conquérir la liberté, mais avec la perfide arrière-pensée de nous la faire adopter pour la répudier eux-mêmes l’instant d’après ? — Se peut-il concevoir une absurdité plus exorbitante ?

Nous terminerons le compte rendu de cette séance par le discours de M. Fox, dont nous ne traduisons que l’exorde et la péroraison.


M. W. J. Fox : La motion que l’honorable M. Ch. Pelham Villiers doit proposer mardi prochain, pour l’abrogation des lois-céréales, marque le terme d’une autre année de l’agitation