Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/385

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a vu la doctrine du droit fixe reparaître dans ses journaux. (Une voix : Ils ont le droit d’agir ainsi.) Sans doute, ils ont le droit d’agir ainsi ; ils ont le droit de faire revivre le droit fixe comme vous avez le droit d’arracher un cadavre à la terre, si cette terre vous appartient. Mais vous n’avez pas le droit de jeter cette masse de corruption au milieu des vivants et de dire : Ceci est l’un de vous ; il vient partager vos travaux et vos priviléges. (Applaudissements.) Il n’y a pas encore bien longtemps, qu’au grand jour de la discussion publique le droit fixe est mort, enseveli, corrompu et oublié pour toujours ; et il ne reparaît sur la scène que parce qu’un certain parti parlementaire croit avoir amélioré sa position et s’être ouvert une brèche vers le pouvoir. Mais au droit fixe comme à l’échelle mobile, la Ligue déclare une guerre éternelle. (Écoutez !) L’intégrité de notre principe répugne à l’un comme à l’autre. Nous ne transigerons jamais avec une taxe sur le pain, quel qu’en soit le mode, et nous les repousserons tous les deux, comme des obstacles divers qui viennent s’interposer entre les dons de la Providence et le bien-être de l’humanité…


À propos des crises ministérielles que venaient d’occasionner coup sur coup la loi sur les sucres et le bill des dix heures, l’orateur s’écrie :


Des symptômes de nos progrès se révèlent dans la condition actuelle des partis qui nous sont hostiles. Où est cette phalange serrée qui se leva contre nous il y a deux ans ? Où est cette puissance qui, aux élections de 1841, balayait tout devant elle comme un tourbillon ? Divisée sur toutes les questions qui surgissent, tourmentée par une guerre intestine à propos d’un évêché dans le pays de Galles, à propos des chapelles des dissidents, à propos de la loi des pauvres, de celle du travail dans les manufactures, la voilà encore livrée à l’anarchie au sujet de la loi des sucres. (Applaudissements.) Les voilà ! Église orthodoxe contre Église modérée ; vieux Torys contre conservateurs modernes ; vieille Angleterre contre jeune Angleterre. — Voilà la grande majorité dont sir Robert Peel a mis dix ans