Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/475

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affaire, il m’est impossible de maîtriser mon embarras. J’ai cru toutefois, qu’il était de mon devoir de me trouver au milieu de mes commettants dans cette occasion importante. (Applaudissements.) J’ai cru que toute autre considération devait céder à ce devoir ; car, ancien membre de la Ligue, je m’honore, par-dessus tout, d’avoir fait partie de cette association qui, en éclairant l’opinion publique, a permis au gouvernement d’abolir l’odieux monopole du blé. (Applaudissements.) Je regrette toutefois de paraître devant vous dans un moment de dépression commerciale, dans un moment de grande anxiété pour tous ceux qui se trouvent engagés dans les affaires, dans un moment où s’est manifestée une crise grave, à laquelle nous n’avons pas encore entièrement échappé. Mais je pense, messieurs, que la politique de la liberté commerciale n’est pour rien dans les causes qui ont amené cette dépression (vifs applaudissements) ; je pense, au contraire, que la crise aurait été bien plus intense si les réformes commerciales n’avaient pas eu lieu. (Nouveaux applaudissements.)

Quoique, actuellement, la confiance soit bien altérée dans le monde commercial, il y a certains éléments sur lesquels il est permis de compter pour le rétablissement de la prospérité future. L’approvisionnement des articles manufacturés est modéré ; les prix des matières premières sont bas, et nous avons en perspective un prix modéré des subsistances. (Une voix : Non pas si les lois-céréales sont remises en vigueur.) Nous avons devant nous toutes ces choses (mouvement d’attention), et je crois que l’on peut, sans se faire illusion, croire que le retour de la confiance amènera le retour de la prospérité. (Applaudissements.) Mais permettez-moi, messieurs, de demander à ceux qui accusent par leurs vagues déclamations la liberté commerciale d’avoir causé la détresse actuelle, permettez-moi de leur demander d’être intelligibles une fois et de désigner les droits qui auraient prévenu cette détresse, s’ils n’avaient point été abolis. Était-ce le droit sur le coton ? Était-ce le droit sur la laine ou le droit sur le verre ? (Applaudissements et rires.) Est-ce que, pendant une période de famine, il aurait été sage de maintenir les droits sur les articles de subsistance ? Quels sont