Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/476

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donc les droits qui auraient empêché la crise de se produire ? (Applaudissements.)

On nous accuse encore, nous autres libres-échangistes, d’avoir préconisé une politique qui a diminué le revenu. Diminué le revenu ! Est-ce que ceux qui émettent de semblables assertions ont bien comparé le revenu tel qu’il était, avant les réformes commencées en 1842, et tel qu’il a été depuis ? Quels sont les faits ? Le revenu, au 5 janvier 1842, s’élevait à environ 47,500,000 liv. st. ; au 5 janvier 1848, il n’était plus que de 44,300,000 liv. st. Mais quelles ont été, dans l’intervalle, les réductions opérées dans les taxes ? Il est vrai qu’on a établi, en 1842, un income-tax s’élevant à environ 5,500,000 liv. st. par an. Mais, d’un autre côté, on a retranché à la fois de la douane et de l’excise des droits qui rapportaient environ 8,000,000 liv, st., ce qui donne en faveur des réductions une balance de 3,000,000 liv. st. Il ne saurait y avoir rien de bien mauvais dans une politique qui a augmenté le revenu par une réduction des droits sur les articles de consommation. Souvenez-vous aussi que cette politique a été adoptée en 1842, après que l’on eut essayé de la politique opposée, après que l’on eut essayé d’augmenter le revenu en élevant les droits de la douane et de l’excise. On ajouta 5 % aux droits de douane ; mais les douanes ne donnèrent pas, avec cette augmentation, la moitié de ce qu’on avait estimé qu’elles rendraient. L’augmentation échoua complètement, et ce fut après la chute de cette expérience que l’on avait faite d’accroître le revenu du pays en augmentant les droits de l’excise et de la douane, que l’on adopta heureusement l’impôt direct, et qu’on affranchit de leurs entraves l’industrie et le commerce de ce pays, en réduisant les taxes indirectes. Si nous considérons isolément les chiffres du revenu des douanes et de l’excise, nous verrons qu’ils présentent une justification remarquable de la politique adoptée par sir Robert Peel. Après la réduction de 8,000,000 liv. st., dont 7,000,000 liv. st. environ pour la douane, la totalité de cette somme, à l’exception de 7 à 8,000 liv. st., a été remplacée par le pays ; c’est à peine s’il y a eu une baisse dans le revenu de la douane. On élève une autre accusation contre la liberté du commerce,