Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/481

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toire que cette invasion. Je me souviens que M. Thomas Atwood, l’un des représentants de Birmingham, se leva, un jour, à la Chambre des communes, et dans un discours de quatre heures, que beaucoup de gens considérèrent comme un excellent discours d’invasion, prouva que l’on devait s’attendre à ce que les Russes feraient un beau matin leur apparition au pont de Londres, sans en donner le moindre avis et sans que personne se fût douté le moins du monde de leur intention de nous envahir. (Rires.) Mais aujourd’hui nous laissons la Russie de côté ; c’est de la France que nous avons peur. (Rires et mouvements.)

Le budget français nous annonce une réduction dans l’effectif militaire pour l’année prochaine. Je ne vois donc dans ce budget aucune raison de craindre ; je n’y vois rien qui me porte à craindre que la France se prépare à envahir l’Angleterre. Pourquoi réduit-on le budget de la marine, de telle sorte que l’on demandera en France, l’année prochaine, 13 navires et 2,000 hommes de moins que les années précédentes ? (Mouvement.) Mais les gentlemen de l’invasion nous disent : « Il ne faut pas vous fier au budget ; on ne le réduit que pour vous aveugler et vous plonger dans une fausse sécurité. » (Rires.) D’après cet argument, plus les Français réduiront leurs armements, plus nous devrons augmenter les nôtres. Probablement, la France a des méthodes de recueillir de l’argent que nous ne connaissons point ; elle a des moyens de lever des hommes, d’armer des vaisseaux, dont personne ne sait rien ; si bien qu’elle réduit son budget uniquement pour jeter de la poudre dans les yeux du pauvre John Bull ! (Mouvements et rires.) Je sais peu de chose sur ces matières ; mais je crois, en vérité, que tous ces rapports alarmistes ne méritent guère de crédit. Chaque fois que l’on construit en France un bassin pour l’amélioration d’un port, chaque fois que l’on y creuse un fossé, c’est, aux yeux des trembleurs de l’invasion, pour y lancer des steamers de guerre. Selon ces gens-là, ces travaux ne sont nullement entrepris dans l’intention d’accroître et de perfectionner l’industrie et le commerce de la France. Toutes les mesures adoptées pour améliorer la situation du peuple français ou pour augmenter son commerce, telles, par exemple, que l’agrandissement des ports, le