Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/488

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sociale qui a tellement égalisé le partage du sol, que la masse contribue à peu près d’une manière égale à l’entretien du gouvernement. L’impôt est en grande partie direct, ce qui rend le peuple très-sensible à l’endroit des dépenses publiques, et ce qui doit nécessairement le détourner de la guerre. La propriété n’est pas en France ce qu’elle est dans ce pays. Il y a en France cinq à six millions de propriétaires de terres, tandis que nous n’avons pas ici la dixième partie de ce nombre. Tous sont des hommes laborieux, économes de leurs pièces de cinq francs, et très-désireux de laisser quelque chose à leurs enfants. Je puis dire, sans crainte d’être démenti, qu’il n’y a pas au monde un peuple plus affectueux et mieux doué des sentiments de famille que le peuple français. Aussi, ai-je vu avec horreur, honte et indignation, la manière dont quelques-uns de nos journaux en ont parlé. Ils l’ont représenté comme étant dans une situation misérable et dégradée, en proie à une basse ignorance. Je suis bien charmé que l’occasion se présente à moi de démentir de pareilles fables, et de montrer sous leur vrai jour la situation et les sentiments véritables du peuple français. Il y a dans cette ville un journal qui se servait, la semaine passée, de l’argument suivant ; que nous étions obligés d’avoir une police à Manchester pour nous protéger contre les voleurs, les filous et les assassins, et, pour la même raison, qu’il nous fallait une armée pour nous protéger contre les Français. (Rires.) — Comme si les Français étaient des voleurs, des filous ou des meurtriers ! La nation française est maintenant aussi bien organisée, elle jouit d’autant d’ordre que la nôtre ; il n’y a pas eu, depuis cinq ou six ans, plus de désordres en France qu’en Angleterre. Il y a un autre journal à Londres, un journal hebdomadaire[1], qui a coutume d’écrire avec beaucoup de gravité, mais à qui la panique a probablement enlevé son sang-froid (rires) ; ce journal nous affirme que le premier engagement avec la France aura lieu sans déclaration de guerre, et que nous serons obligés de protéger Sa Majesté, dans Osbornehouse, contre ces Français peu scrupuleux qui voudraient nous

  1. Le Spectator.