Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/498

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donc allons-nous ? (L’orateur énumère les réformes qui restent à accomplir ; en première ligne il place la réforme de l’Église établie, puis celle de la transmission des propriétés.) Cette question de la tenure du sol et du mode selon lequel il doit être transmis de main en main et de père en fils, intéresse l’Angleterre et l’Écosse aussi bien que l’Irlande. Les abus qui subsistent depuis si longtemps ont pris naissance à une époque où la population était clair-semée et où le peuple n’avait aucun pouvoir. Il s’agit maintenant de les détruire ; et de même que le Parlement a admis la libre introduction des blés étrangers, de même — quoi que puissent faire les influences aristocratiques — il admettra avant peu l’affranchissement du sol, — la liberté sera donnée à la terre comme elle a été donnée à ses produits. (Applaudissements.)

Il est singulier que, dans ce meeting, toutes les pensées se soient tournées vers une question à laquelle personne ne songeait il y a quelques semaines ; je veux parler du cri de guerre qui a été jeté dans le pays. J’entends dire de tout côté qu’il y a eu une panique. Eh bien ! moi, je suis persuadé du contraire : il n’y a pas eu de panique. Voici ce qui est arrivé. Mon honorable ami le représentant du West-Riding de l’Yorkshire (M.Cobden) est allé au fond du Cornouailles ; il y a lu les journaux de Londres et il s’est imaginé que nous ajoutions foi à ce qu’ils disaient. (Rires.) Il faut que je vous donne une autre preuve de sa crédulité. Lorsqu’il se trouvait en Espagne, il m’écrivit une lettre à peu près au moment où une querelle paraissait s’être élevée entre lord Palmerston et quelqu’un à Paris, à propos du mariage de la reine d’Espagne, et savez-vous ce qu’il disait ? Il nous suppliait de ne pas entreprendre une guerre à ce sujet, il nous suppliait de ne pas nous livrer à la manie de la guerre. Étant en Espagne, il avait évidemment tout à fait oublié le caractère du peuple au milieu duquel il avait vécu ! (Rires.) Il a lu les journaux de Londres, et il s’est imaginé que nous tous y écrivions des premiers Londres. Le fait est que la panique est demeurée tout entière parmi les chefs du parti militaire de ce pays et les rédacteurs en chef des journaux. (Rires.) Pour moi, je suis persuadé que toute cette panique n’est qu’une feinte. Je