Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ler la taxe et non de la déplacer. J’y réfléchirai. Voyons votre second article ?…

— Art. 2. Toute marchandise exportée paiera une taxe de 5 p. % de la valeur.

— Miséricorde ! monsieur l’utopiste. Vous allez vous faire lapider, et au besoin je jetterai la première pierre.

— Nous avons admis que la majorité est éclairée.

— Éclairée ! soutiendrez-vous qu’un droit de sortie ne soit pas onéreux ?

— Toute taxe est onéreuse, mais celle-ci moins qu’une autre.

— Le carnaval justifie bien des excentricités. Donnez-vous le plaisir de rendre spécieux, si cela est possible, ce nouveau paradoxe.

— Combien avez-vous payé ce vin?

— Un franc le litre.

— Combien l’auriez-vous payé hors barrière ?

— Cinquante centimes.

— Pourquoi cette différence ?

— Demandez-le à l’octroi qui a prélevé dix sous dessus.

— Et qui a établi l’octroi ?

— La commune de Paris, afin de paver et d’éclairer les rues.

— C’est donc un droit d’importation. Mais si c’étaient les communes limitrophes qui eussent érigé l’octroi à leur profit, qu’arriverait-il ?

— Je n’en paierais pas moins 1 fr. mon vin de 50 c., et les autres 50 c. paveraient et éclaireraient Montmartre et les Batignoles.

— En sorte qu’en définitive c’est le consommateur qui paie la taxe ?

— Cela est hors de doute.

— Donc, en mettant un droit à l’exportation, vous faites contribuer l’étranger à vos dépenses.