Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/466

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Mais vouloir au public immoler ce qu’on aime,
S’attacher au combat contre un autre soi-même…
Une telle vertu n’appartenait qu’à nous…
Rome a choisi mon bras, je n’examine rien,
Avec une allégresse aussi pleine et sincère
Que j’épousai la sœur, je combattrai le frère.


Et j’avoue que je me sens disposé à partager le sentiment de Curiace, en en faisant l’application non à un fait particulier, mais à l’histoire de Rome tout entière, quand il dit :


Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain
Pour conserver encor quelque chose d’humain.


Fénelon. Aujourd’hui, le Communisme nous fait horreur, parce qu’il nous effraie ; mais la longue fréquentation des anciens n’avait-elle pas fait un communiste de Fénelon, de cet homme que l’Europe moderne regarde avec raison comme le plus beau type de la perfection morale ? Lisez son Télémaque, ce livre qu’on se hâte de mettre dans les mains de l’enfance ; vous y verrez Fénelon empruntant les traits de la Sagesse elle-même pour instruire les législateurs. Et sur quel plan organise-t-il sa société-modèle ? D’un côté, le législateur pense, invente, agit ; de l’autre, la société, impassible et inerte, se laisse faire. Le mobile moral, le principe d’action est ainsi arraché à tous les hommes pour être l’attribut d’un seul. Fénelon, précurseur de nos modernes organisateurs les plus hardis, décide de l’alimentation, du logement, du vêtement, des jeux, des occupations de tous les Salentins. Il dit ce qu’il leur sera permis de boire et de manger, sur quel plan leurs maisons devront être bâties, combien elles auront de chambres, comment elles seront meublées.

Il dit… mais je lui cède la parole.


« Mentor établit des magistrats à qui les marchands rendaient compte de leurs effets, de leurs profits, de leurs dépenses et de leurs entreprises…