Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/492

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Trois sources d’enseignement vont s’ouvrir : celui de l’État, celui du Clergé, celui des Instituteurs prétendus libres.

Ce que je demande, c’est que ceux-ci soient libres, en effet, de tenter, dans la carrière, des voies nouvelles et fécondes. Que l’Université enseigne ce qu’elle chérit, le grec et le latin ; que le Clergé enseigne ce qu’il sait, le grec et le latin. Que l’une et l’autre fassent des platoniciens et des tribuns ; mais qu’ils ne nous empêchent pas de former, par d’autres procédés, des hommes pour notre pays et pour notre siècle.

Car, si cette liberté nous est interdite, quelle amère dérision n’est-ce pas que de venir nous dire à chaque instant : Vous êtes libres !

Dans la séance du 23 février, M. Thiers est venu dire pour la quatrième fois :


« Je répéterai éternellement ce que j’ai dit : La liberté que donne la loi que nous avons rédigée, c’est la liberté selon la Constitution.

Je vous mets au défi de prouver autre chose. Prouvez-moi que ce n’est pas la liberté ; pour moi, je soutiens qu’il n’y en a pas d’autre possible.

Autrefois, on ne pouvait pas enseigner sans la permission du gouvernement. Nous avons supprimé l’autorisation préalable ; tout le monde pourra enseigner.

Autrefois on disait : Enseignez telles choses ; n’enseignez pas telles autres. Aujourd’hui nous disons : Enseignez tout ce que vous voudrez enseigner. »


C’est une chose douloureuse de s’entendre adresser un tel défi et d’être condamné au silence. Si la faiblesse de ma voix ne m’eût interdit la tribune, j’aurais répondu à M. Thiers.

Voyons donc à quoi se réduit, au point de vue de l’insti-