Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/524

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Ainsi que vous le disiez fort judicieusement à la tribune, on ne peut pas dire — encore moins écrire — tout à la fois. Il doit être bien entendu que je n’examine pas ici le côté économique du régime protecteur ; je ne recherche pas encore si, au point de vue de la richesse nationale, il fait plus de bien que de mal ou plus de mal que de bien. Le seul point que je veux prouver c’est qu’il n’est autre chose qu’une manifestation du Communisme. MM. Billault et Proudhon ont commencé la démonstration. Je vais essayer de la compléter.

Et d’abord que faut-il entendre par Communisme ? Il y a plusieurs manières, sinon de réaliser la communauté des biens, du moins de le tenter. M. de Lamartine en comptait quatre. Vous pensez qu’il y en a mille et je suis de votre avis. Cependant je crois que toutes peuvent rentrer dans trois catégories générales, dont une seule, selon moi, offre de véritables dangers.

Premièrement, deux ou plusieurs hommes peuvent imaginer de mettre leur travail et leur vie en commun. Tant qu’ils ne cherchent ni à troubler la sécurité, ni à restreindre la liberté, ni à usurper la propriété d’autrui, ni directement ni indirectement, s’ils font du mal ils se le font à eux-mêmes. La tendance de ces hommes sera toujours d’aller poursuivre dans de lointains déserts la réalisation de leur rêve. Quiconque a réfléchi sur ces matières sait que les malheureux périront à la peine, victimes de leurs illusions. De nos jours, les communistes de cette espèce ont donné à leur chimérique Élysée le nom d’Icarie, comme s’ils avaient eu le triste pressentiment du dénouement affreux vers lequel on les précipite. Nous devons gémir sur leur aveuglement, nous devrions les avertir s’ils étaient en état de nous entendre, mais la société n’a rien à redouter de leurs chimères.

Une autre forme du Communisme, et assurément la plus brutale, c’est celle-ci : Faire une masse de toutes les valeurs