Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/527

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tionale un projet de loi dont le premier article est ainsi conçu :

Art. 1er. Il est ouvert, sur le budget de 1849, au ministre de l’agriculture et du commerce, un crédit de 10 millions destiné à faire des avances aux propriétaires et associations de propriétaires de fonds ruraux.

Avouez que si la langue législative se piquait d’exactitude, l’article devrait être ainsi rédigé :

Le ministre de l’agriculture et du commerce est autorisé, pendant l’année 1849, à prendre 10 millions dans la poche des laboureurs qui en ont grand besoin et à qui ils appartiennent, pour les verser dans la poche d’autres laboureurs qui en ont également besoin et à qui ils n’appartiennent pas.

N’est-ce pas là un fait communiste, et en se généralisant ne constitue-t-il pas le Communisme ?

Tel manufacturier, qui se laisserait mourir plutôt que de dérober une obole, ne se fait pas le moindre scrupule de porter à la législature cette requête : « Faites une loi qui élève le prix de mon drap, de mon fer, de ma houille, et me mette à même de rançonner mes acheteurs. » Comme le motif sur lequel il se fonde est qu’il n’est pas content de son gain, tel que le fait l’échange libre ou le libre-échange (ce que je déclare être la même chose, quoi qu’on en dise), comme, d’un autre côté, nous sommes tous mécontents de notre gain et disposés à invoquer la législature, il est clair, du moins à mes yeux, que si elle ne se hâte de répondre : « Cela ne me regarde pas ; je ne suis pas chargée de violer les propriétés, mais de les garantir, » il est clair, dis-je, que nous sommes en plein Communisme. Les moyens d’exécution mis en œuvre par l’État peuvent différer, mais ils ont le même but et se rattachent au même principe.

Supposez que je me présente à la barre de l’Assemblée nationale, et que je dise : J’exerce un métier, et je ne trouve pas que mes profits soient suffisants. C’est pourquoi je vous prie de faire un décret qui autorise MM. les percepteurs à