Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tout capital (quelle que soit sa forme, moissons, outils, machines, maisons, etc.), tout capital résulte d’un travail antérieur, et féconde un travail ultérieur.

Parce qu’il résulte d’un travail antérieur, celui qui le cède reçoit une rémunération.

Parce qu’il féconde un travail ultérieur, celui qui l’emprunte doit une rémunération.

Et vous le dites vous-même : « Si la peine du créancier est zéro, l’intérêt doit devenir zéro. »

Donc, qu’avons-nous à rechercher ? Ceci :

Est-il possible qu’un capital se forme sans peine ?

Si c’est possible, j’ai tort ; le crédit doit être gratuit.

Si c’est impossible, c’est vous qui avez tort, le capital doit être rémunéré. Vous avez beau faire ; la question se réduit à ces termes : Le temps est-il arrivé, arrivera-t-il jamais où les capitaux écloront spontanément sans la participation d’aucun effort humain ?

Mais, dans une revue rétrospective pleine de verve, vous élançant vers la Palestine, vers Athènes, Sparte, Tyr, Rome, Carthage, vous m’entraînez par la tangente hors du cercle où je ne puis vous retenir. Eh bien  ! avant d’y rentrer, j’essaierai, sinon de vous suivre, du moins de faire quelques pas avec vous.

Vous débutez ainsi :

« Ce qui fait que l’intérêt du capital, excusable, juste même au point de départ de l’économie des sociétés, devient, avec le développement des institutions industrielles, une vraie spoliation, un vol, c’est que cet intérêt n’a pas d’autre principe, d’autre raison d’être, que la nécessité et la force. La nécessité, voilà ce qui explique l’exigence du prêteur ; la force, voilà ce qui fait la résignation de l’emprunteur. Mais à mesure que, dans les relations humaines, la nécessité fait place à la vérité, et qu’à la force succède le droit, le capitaliste perd son excuse. »