Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/256

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dont je parlais tout à l’heure, la distinction n’existe plus ; il y a identité entre le capital et le produit, de même qu’entre le produit net et le produit brut.

J’ai donc eu raison de dire, et je m’étonne qu’après l’exégèse que vous avez faite vous-même du capital, vous n’ayez su comprendre mes paroles :

« Le capital ne se distingue pas du produit. Ces deux termes ne désignent point, en réalité, deux choses distinctes ; ils ne désignent que des relations. Produit, c’est capital ; capital, c’est produit. »

Et mon ami Duchêne, soutenant la même thèse contre Louis Blanc, a eu bien plus raison encore de dire :

« Les distinctions de capital et de produit, retenez-le bien une fois pour toutes, n’indiquent que des relations d’individu à individu : dans la société, il y a simplement production, consommation, échange. On peut dire de toutes les industries qu’elles créent des capitaux ou des produits, indistinctement. Le mécanicien est fabricant de capitaux pour les chemins de fer, les usines, les manufactures ; le drapier est fabricant de capitaux pour les tailleurs ; le taillandier est fabricant de capitaux pour la menuiserie, la charpente, la maçonnerie ; une charrue est produit pour le charron qui la vend, et capital pour le cultivateur qui l’achète. Toutes les professions ont besoin de produits pour produire, ou, ce qui revient au même, de capitaux pour confectionner des capitaux. »

Cela vous semblerait-il donc inintelligible ? Il n’y a pas d’antinomie, cependant.

Au point de vue des intérêts privés, le capital indique un rapport d’échange, précédé d’une évaluation synallagmatique. C’est le produit apprécié, pour ainsi dire, juridiquement, par deux arbitres responsables, qui sont le vendeur et l’acheteur, et déclaré, à la suite de cette appréciation, instrument ou matière de reproduction. — Au point de vue