Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/361

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puis passer sous silence, car il rentre dans le cercle très-précis de cette étude économique.

Il a dit :

La question économique, en matière de théâtres, se résume en un seul mot : c’est du travail. Peu importe la nature de ce travail, c’est un travail aussi fécond, aussi productif que toute autre nature de travaux dans une nation. Les théâtres, vous le savez, ne nourrissent pas moins, ne salarient pas moins, en France, de quatre vingt mille ouvriers de toute nature, peintres, maçons, décorateurs, costumiers, architectes, etc., qui sont la vie même et le mouvement de plusieurs quartiers de cette capitale, et, à ce titre, ils doivent obtenir vos sympathies !

Vos sympathies ! — traduisez : vos subventions.

Et plus loin :

Les plaisirs de Paris sont le travail et la consommation des départements, et les luxes du riche sont le salaire et le pain de deux cent mille ouvriers de toute espèce, vivant de l’industrie si multiple des théâtres sur la surface de la République, et recevant de ces plaisirs nobles, qui illustrent la France, l’aliment de leur vie et le nécessaire de leurs familles et de leurs enfants. C’est à eux que vous donnerez ces 60,000 fr. (Très bien ! très bien ! marques nombreuses d’approbation.)

Pour moi, je suis forcé de dire : très mal ! très mal ! en restreignant, bien entendu, la portée de ce jugement à l’argument économique dont il est ici question.

Oui, c’est aux ouvriers des théâtres qu’iront, du moins en partie, les 60,000 fr. dont il s’agit. Quelques bribes pourront bien s’égarer en chemin. Même, si on scrutait la chose de près, peut-être découvrirait-on que le gâteau prendra une autre route ; heureux les ouvriers s’il leur reste quelques miettes ! Mais je veux bien admettre que la subvention entière ira aux peintres, décorateurs, costumiers, coiffeurs, etc. C’est ce qu’on voit.

Mais d’où vient-elle ? Voilà le revers de la question, tout aussi important à examiner que la face. Où est la source de