Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

treprends cet examen, et je l’abandonnerais volontiers, si je n’étais convaincu qu’il peut jeter de nouvelles clartés sur la pensée fondamentale de cet écrit.

Nous avons vu que les auteurs avaient cherché le principe de la Valeur dans un ou plusieurs des accidents qui exercent sur elle une notable influence, matérialité, conservabilité, utilité, rareté, travail, etc., — comme un physiologiste qui chercherait le principe de la vie dans un ou plusieurs des phénomènes extérieurs qui la développent, dans l’air, l’eau, la lumière, l’électricité, etc.

Matérialité. « L’homme, dit M. de Bonald, est une intelligence servie par des organes. » Si les économistes de l’école matérialiste avaient seulement voulu dire que les hommes ne se peuvent rendre des services réciproques que par l’entremise de leurs organes corporels, pour en conclure qu’il y a toujours quelque chose de matériel dans ces services et, par suite, dans la Valeur, je n’irais pas au delà, ayant en horreur les disputes de mots et ces subtilités dont l’esprit aime trop souvent à se montrer fécond.

Mais ce n’est pas ainsi qu’ils l’ont entendu. Ce qu’ils ont cru, c’est que la Valeur était communiquée à la matière, soit par le travail de l’homme, soit par l’action de la nature. En un mot, trompés par cette locution elliptique : L’or vaut tant, le blé vaut tant, ils ont été conduits à voir dans la matière une qualité nommée valeur, comme le physicien y reconnaît l’impénétrabilité, la pesanteur, — et encore ces attributs lui sont-ils contestés.

Quoi qu’il en soit, je lui conteste formellement la valeur.

Et d’abord, on ne peut nier que Matière et Valeur ne soient souvent séparées. Quand nous disons à un homme : — Portez cette lettre à son adresse, allez-moi chercher de l’eau, enseignez-moi cette science ou ce procédé, donnez-moi un conseil sur ma maladie ou mon procès, veillez à ma sûreté pendant que je me livrerai au travail ou au sommeil ; — ce