Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/203

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« Notre jugement nous fait découvrir le rapport qui existe entre nos besoins et l’utilité des choses. L’arrêt que notre jugement porte sur l’utilité des choses constitue leur valeur. »

Et plus loin :

« Pour créer une valeur, il faut la réunion de trois circonstances : 1° que l’homme éprouve ou conçoive un besoin ; 2° qu’il existe une chose propre à satisfaire ce besoin ; 3° que le jugement se prononce en faveur de l’utilité de la chose. Donc la valeur des choses, c’est leur utilité relative. »

Le jour, j’éprouve le besoin de voir clair. Il existe une chose propre à satisfaire ce besoin, qui est la lumière du soleil. Mon jugement se prononce en faveur de l’utilité de cette chose, et… elle n’a pas de valeur. Pourquoi ? Parce que j’en jouis sans réclamer le service de personne.

La nuit j’éprouve le même besoin. Il existe une chose propre à le satisfaire très-imparfaitement, une bougie. Mon jugement se prononce sur l’utilité, mais sur l’utilité relative beaucoup moindre de cette chose, et elle a une valeur. Pourquoi ? Parce que celui qui s’est donné la peine de faire la bougie ne veut pas me rendre le service de me la céder, si je ne lui rends un service équivalent.

Ce qu’il s’agit de comparer et de juger, pour déterminer la valeur, ce n’est donc pas l’utilité relative des choses, mais le rapport de deux services.

En ces termes, je ne repousse pas la définition de Storch.

Résumons ce paragraphe, afin de montrer que ma définition contient tout ce qu’il y a de vrai dans celles de mes prédécesseurs, et élimine tout ce qu’elles ont d’erroné par excès ou défaut.

Le principe de la Valeur, ai-je dit, est dans un service humain. Elle résulte de l’appréciation de deux services comparés.